jeudi 7 juin 2012

Le pipo sur les banques espagnoles..

On a donc pu découvrir ce matin un article dans la presse qui titrait :
"Le FMI chiffre de 40 à 80 milliards d'euros le sauvetage des banques espagnoles".
Dans un quotidien espagnol, on pouvait également lire :
Le premier scénario tient compte de la situation actuelle et prévoit des besoins de 40 milliards de dollars destinés à un groupe de 10 banques dont Bankia, que l'Etat espagnol entend sauver avec une aide historique de plus de 23 milliards d'euros.

Le deuxième scénario envisage une situation beaucoup plus tendue, en cas notamment de forte récession, et qui impliquerait un besoin de 80 milliards d'euros pour sauver le système financier espagnol mais que les sources interrogées par le journal jugent "irréelles.

Un peu plus loin dans l'article, on découvrait :
Les analystes chiffrent la facture à entre 60 et 200 milliards d'euros, mais le ministre espagnol du Budget a assuré mardi que le chiffre ne serait "pas très élevé".

Bon alors recadrons tout cela..

D'abord si le ministre du budget est aussi crédible que Christine Lagarde lorsqu'elle était ministre des finances,  on sait d'avance à quoi s'en tenir..
Et si le FMI est aussi efficace en Espagne que partout où il a agit en semant sa politique basée sur le "Consensus de Washington", on sait d'avance que cela finira mal... 

Un autre rappel sur le sérieux des diagnostiques des "autorités compétentes" : 
N'oublions pasqu'en juillet 2011 Dexia passait avec succès les stress tests et que début septembre de la même année, il fallait un 2eme plan de sauvetage en 3 ans, alors les prévisions de ces gens là...

Petit calcul personnel :

Il y a actuellement 3 millions de logements neufs vides en Espagne, sans compter ceux qui ont été vendus mais dont les acquéreurs sont de plus en plus nombreux à ne plus pouvoir rembourser.
Les banques espagnoles ont financé la construction de ces logements auprès des promoteurs..
Imaginons un prix moyen de 100 000 euros (terrain compris, le foncier a évidemment explosé pendant la bulle).

Donc, 3 millions x 100 000 euros... = 300 milliards d'euros.. 
Evidemment si on prend un prix unitaire de 150 000 euros, la facture monte à 450 milliards !
Et encore, ça n'est que pour les banques, il faudra aussi renflouer les régions pour une somme équivalente..
On va donc commencer par les tapas de l'apéro, 40 ou 50 milliards, et dans 3 mois on nous annoncera la facture finale, sauf qu'on aura déja injecté les premiers milliards donc on nous expliquera qu'on ne peut plus faire machine arrière..

Juste pour rire, un petit aperçu de ce qu'on nous raconte sur les banques espagnoles ces 2 dernières années :

il n'y a pas si longtemps, on a pris des caisses d'épargne régionales espagnoles en faillite, on a tout mis dans un truc appelé "bankia", on a placé un ex DG du Fmi à la direction de cette entreprise pour piloter le Titanic et on a même osé l'introduire en bourse..

Résultat : un an après on nous dit qu'il faut 3.5 milliards pour sauver ce champ de ruines.. c'était il y a quelques semaines.
Puis il a fallu ajouter 19 milliards pour un total approximatif de 23 milliards pour le "plus gros sauvetage de l'histoire pour une banque espagnole", tout ça uniquement Bankia :

dites moi il a vachement bien fait son boulot le gars.. bon ok il a quand meme fini par démissioner.. je ne pense pas qu'il ait rendu sa rémunération.. "c'est le prix de la responsabilité" dira t'il sans doute... un peu comme celui qui a piloté le sauvetage de Dexia..

Donc vous avez bien suivi, on est parti de 3 milliards, puis 23 pour une seule banque, et maintenant on nous parle de 40 à 80 pour l'ensemble des banques de ce pays pendant que d'autres évoquent 60 à 200 milliards.. Surement encore des "too big to fail"...

Bref, que du n'importe quoi, personne ne sait vraiment chiffrer.. 

Fitch vient de dégrader la note de l'Espagne de 3 crans... mais bon, les agences qui notaient AAA les CDO américains bourrés de subprimes, vous savez ce que j'en pense... Ils ont dû avoir une petite commande de leurs amis banquiers américains qui avaient des CDS sur la dette espagnole à faire fructifier..

Que va t'on faire de ce bazar :

évidemment  on va comme partout depuis l'effondrement de Lehman Brothers  demander aux états de renflouer ces pauvres banques.. et ainsi accroitre encore la dette du pays, qui se fera de nouveau dégrader.. vous connaissez le cercle vicieux..
Souvenez vous des 300 milliards d'actifs pourris de Citi repris par le gouvernement US, souvenez vous des milliers de milliards injectés par la FED (on ne sait toujours rien des 9000 milliards qui se sont évaporés du bilan).

L'incompétence à son apogée, la connivence des politiques.. et une cible : les populations

Que tous ces gens se taisent, ils ne sont que dans la gestion de la communication  vis à vis de l'opinion, remettant toujours au plus tard possible les décisions qui auraient du être prises depuis 4 ans, tout ça pour permettre à leurs copains d'avoir le temps de planquer ce qui leur reste (cf le transfert en Suisse et au Luxembourg des milliards fournis aux banques grecques)..

Qu'est ce que c'est que cette nouvelle méthode magique qui consiste à croire qu'on va résoudre le problème en mettant des actifs pourris dans une structure toujours plus grande comme dans une poubelle que l'on arrete pas de remplir en cherchant un conteneur toujours plus grand.

Comme si avec 24% de chomage le marché immobilier espagnol avait la moindre chance de s'améliorer.. Or la situation des banques espagnoles est totalement dépendante de ce marché.. quand on voit les US et les prix immobiliers qui sont quasiment sur les planchers de 2009, ce n'est pas demain la veille que le marché immobilier espagnol va se redresser.. et si ça perd encore 10 à 20% (ce qui ne manquera pas d'arriver dès l'application de mesures d'austérité en échange d'une aide quelconque), la spirale sur les banques espagnoles n'est pas prête de s'inverser.

Que faut il exiger :

Que ces mesdames et messieurs du FMI, messieurs les ministres des finances SE TAISENT, on n'en peut plus d'entendre leurs conneries depuis 4 ans.
Il faut purger ce système : puisque ces messieurs sont des capitalistes convaincus, laissons faire faillite les établissements qui sont en situation de faillite, cessons de nationaliser les pertes, le système ne peut pas s'assainir autrement.


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