vendredi 11 mai 2012

Grèce, 2 ans d'erreurs..

Octobre 2011

Souvenez-vous du 31 octobre 2011, à la veille du G20 organisé à Cannes, le 1er ministre grec Papandréou lance une bombe, il souhaite organiser un référendum sur les mesures d'austérité.
  • Réaction immédiate des marchés financiers : dégringolade généralisée, la panique emporte les valeurs financières.
  • Réaction immédiate des "partenaires" de Papandréou : on a sorti les muscles pour le faire changer d'avis et il a démissionné dans la foulée.
Vous rendez-vous compte, il s'agissait de demander leur avis à celles et ceux qui allaient subir l'austérité décidée par d'autres, en échange d'une aide financière conséquente pour maintenir globalement le système à flots.
"Quoi, le peuple à le droit de s'exprimer ?" hypothèse insupportable à l'époque pour l'oligarchie européenne..

Mai 2012

Que s'est il passé le week-end dernier en Grèce : le référendum que l'on a refusé fin octobre a bien eu lieu, et le peuple grec a massivement rejeté l'austérité.
Donc en jouant à se voiler la face fin octobre, on a fait semblant d'adopter un plan de sauvetage qu'on savait voué à l'échec. Sauf qu'il y avait un calcul : tenir 6 mois de plus.. comme à chaque fois.
Pourquoi je me permets d'écrire "voué à l'échec" ?
Il suffit de regarder ce plan de plus près, et de voir qu'avec des hypothèses de croissance de 3% dès 2013, il faudrait encore plus de 10 ans à la Grèce pour ramener son ratio dette/pib à 120%, ce qui reste de toutes façons insupportable.

Petit retour historique sur 2 ans de tergiversations

Fin 2009

Décembre 2009, Papandréou, qui vient d'arriver au pouvoir, découvre l'état réel des comptes grecs et commence à alerter les différentes instances (FMI, Union Européenne).
C'est le feuilleton de la fin janvier 2010, les anglo-saxons inventent le sigle "PIIGS" (peu flatteur quand on connait la signification du mot pig en anglais) pour Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne (Spain en anglais).
La pression monte sur les "marchés" jusqu'à début mai 2010, tout le monde a peur d'une réaction en chaîne et de l'effondrement de la zone euro.
Les indices boursiers chutent lourdement, des séances à -5% sur le CAC 40 deviennent presque banales, mais il faut "rassurer les marchés" : on entendra cette phrase plusieurs fois par jour pendant des semaines et des semaines, dans la bouche de la plupart des dirigeants européens..

Mai 2010

Le 8 mai 2010, à l'issue d'un sommet européen "exceptionnel", l'Europe et sa monnaie sont sauvées, on a décidé de mettre en place un pare-feu nommé "FESF", on décide d'un plan d'aide de 110 milliards d'euros pour la Grèce, et promis, tout va rentrer dans l'ordre, on a fait ce qu'il fallait faire.
Les imbéciles qui évoquent le défaut de paiement ou la possible sortie de l'Euro pour la Grèce sont des incompétents qui souffle sur les braises.
Le résultat est spectaculaire, les marchés sont rassurés, le lundi les places européennes s'envolent de 9%.
De très nombreuses personnes comprennent alors qu'il ne s'agit pas de "sauver la Grèce", mais de sauver les grandes institutions financières, on gagne du temps, on affiche les sourires.
A partir de cette période, l'étude des expositions des grandes banques européennes aux dettes des "PIIGS" (cf le site de la Banque des Règlements Internationaux) est très instructif, chacun va chercher par tous les moyens à se débarrasser de ce papier encombrant et peu fiable, c'est dire la confiance des institutions financières dans le plan de sauvetage.
Pendant tout l'été 2010, on nous répétera un nombre incalculable de fois, qu'il s'agisse de Trichet à la BCE, de Juncker à l'Eurogroupe, de Lagarde ministre des finances en France, qu'il n'y aurait JAMAIS de défaut grec
Il suffira cependant de quelques séances pour que les places boursières retrouvent un niveau inférieur à la veille du sauvetage.. et ce des 2 cotés de l'atlantique.

Rentrée 2010

La FED finit par s'apercevoir que la situation de sortie de crise telle qu'elle la dépeignait pour les USA n'est pas aussi positive qu'espérée, et décide donc avec son gouverneur Ben Bernanke de lancer le fameux "QE2", pour Quantitative Easing version 2.
Sans entrer dans les débats techniques, il s'agit pour la FED  d'injecter des milliards et des milliards sur les marchés en rachetant autant que possible de bons du trésor américain et en soulageant les banques de le faire, en espérant que cet argent se déversera dans l'économie réelle afin de stimuler croissance et emploi en berne.
Les pays émergents sont furieux car cela déverse des liquidités sur les marchés mondiaux en favorisant l'inflation, sur les matières premières notamment, et cela va faire baisser le dollar.
Il est assez comique de la part des USA de prendre cette décision unilatérale, tout en affirmant depuis des mois lors des G20 qu'il faut absolument que la Chine réévalue sa monnaie..
Quant à l'Europe, au paroxysme de la crise "grecque" en mai et juin 2010, l'euro vaut alors environ 1.18 dollars, ce qui finalement n'est pas mauvais pour les exportations européennes. Ce QE2 va provoquer ce à quoi Bernanke s'attendait, à savoir une baisse du dollar.. et une remontée en flèche des indices boursiers, américains en particuliers

Quelques ratés cependant dans ce joli plan global, à l'automne 2010 c'est l'Irlande qui a son tour a besoin d'un plan de sauvetage, l'état est en faillite pour avoir notamment renfloué ses banques en faillite.

Hiver 2011

On jure en Europe depuis des mois qu'il n'y aura pas d'autres problèmes à régler, et voici qu'arrive justement le Portugal, qui sollicite lui aussi un plan d'aide.. Mais heureusement, on a le FESF, tout est "under control"..

Début avril 2011, après ne l'oublions pas des "stress tests" en 2010 sur les banques européennes qui ont confirmé que tout allait bien, Lucinda Creighton, ministre irlandaise des Affaires européennes, déclare : L'Irlande a pris ses responsabilités en refusant une restructuration de sa dette. "Nous faisons régler la facture par les contribuables irlandais. C'est une décision courageuse", explique-t-elle.
Une restructuration --une solution que refuse la Banque centrale européenne, selon Mme Creighton-- entraînerait des pertes pour les détenteurs de titres de dette irlandaise, principalement des banques européennes, dont françaises et allemandes.

Le 7 avril 2011,on apprend que le gouvernement portugais avait finalement cédé en acceptant de demander de l'aide (alors qu'il expliquait il y a une semaine qu'il n'en avait pas besoin) "sous la pression des banques"..
Tiens pourtant lors du plan d'aide à l'Irlande, on nous avait dit que cette fois (une fois de plus), c'était fini, tout était réglé..

Dans les semaines qui suivent, comme des prémices de ce qui allait se passer pour le référendum de Papandréou, les autorités européennes ont appelé samedi les responsables portugais à éviter de dialoguer sur la place publique avec elles tous les jours, après la demande du président du Portugal pour que l'UE mette en place un "programme intérimaire" pour l'aide à son pays

Les grands argentiers annoncent qu'ils préparaient un plan d'aide au Portugal d'un montant d'environ 80 milliards d'euros en échange d'un programme d'austérité qui devra être adopté d'ici à la mi-mai et qui devra "impliquer tous les partis" portugais.

Après donc 110 milliards pour la Grèce, je ne sais plus combien pour l'Irlande, voilà 80 milliards pour le Portugal..

Les 1ers bilans sur le 1er plan grecs ne vont pas tarder à montrer que ça ne fonctionne pas du tout "comme prévu", que la récession est pire que prévue, et qu'il n'y a aucun rétablissement des comptes grecs..

J'allais oublier : le plan de mai 2010 devait permettre à la Grèce de revenir emprunter "normalement" sur les marchés courant 2012... sans blague !

Juin 2011

Passons sur l'épisode du Sofitel new-yorkais.. Christine Lagarde, qui venait d'inventer en France la "rilance" (sorte de mélange de rigueur et de relance), est nommée à la direction du FMI en remplacement de qui vous savez. Elle n'oublie pas d'affirmer avant de quitter ses fonctions au ministère des finances que les banques françaises se portent très bien.. d'ailleurs de nouveaux "stress tests" en juillet 2011 vont le prouver.

Je ne sais pas si elle est incompétente, menteuse ou manipulatrice et téléguidée par la finance anglo-saxonne, toujours est il que 2 mois après elle déclare depuis son bureau du FMI qu'il faut recapitaliser les banques, françaises notamment..
Petite parenthèse : Dexia passe avec succès ces stress tests de juillet 2011 mais se déclare en faillite en septembre 2011, bref..
Si un scénariste oserait mettre tout cela dans un film, le film serait critiqué tant il serait invraisemblable.

Revenons donc à la Grèce en ce mois de juin 2011..

Des négociations pour un second plan d'aide commencent, on parle de 130 milliards d'euros cette fois, et, tiens tiens, on évoque une "décote" de 20% sur la dette grecque, après avoir martelé pendant 1 an que ceux qui pensaient que ça pouvait arriver avançaient des inepties.

Le nouveau plan est sur les rails, on demande un énième plan d'austérité aux grecs, ce que finit par voter le parlement grec, et une fois de plus les indices boursiers reviennent à des sommets de 2 ans, l'épisode Fukushima est effacé, le CAC  à 3900 points..

Été 2011

Bien qu'ayant "rassuré" les marchés avec le 2ème plan (on comprend quand même que les 110 premiers milliards n'ont servi à rien) finalement certains évoquent une décote plus importante que prévue, les 20% ne seraient pas suffisants.

Pendant ce temps de l'autre coté de l'Atlantique, on s'affole aussi sur la dette américaine, les 2 partis contrôlant chacun une assemblée (Sénat et Chambre des représentants), ils n'arrivent pas à se mettre d'accord sur ce qu'il faudrait faire pour la dette astronomique des USA, et ce qui devait arriver arriva, une agence de Notation dégrade les USA.
La seule mesure qui fut prise : augmentation du plafond de dette autorisé pour ne pas bloquer les paiements du gouvernement fédéral.
Cet épisode a le mérite temporaire de rappeler que le problème du monde n'est pas la dette d'un pays qui représente à peine 2% du PIB de l'union européenne, mais les américains vont s'employer à détourner l'attention et vont s'arranger pour que tous les projecteurs se braquent de nouveau sur l'Europe.

Par le petit jeu des spéculations, les taux d'emprunts italiens commencent leur envolée, l'Espagne s'enfonce dans la crise, mais tout va bien en apparence aux USA puisque malgré la dégradation de leur note, les taux d'emprunt pour le trésor américain n'ont jamais été aussi bas.

Au cours du mois d’août, on aura en France l'annonce du "plan de rigueur" par le 1er ministre.

Rentrée 2011

La "décote" décidée en juillet à un niveau de 20% est finalement portée à 50% dans un 1er temps, on va aller de sommet de la dernière chance en réunion de crise, et chaque dirigeant annonce une nouvelle par  jour.
Le secrétaire du trésor américain s'invite d'ailleurs à une réunion en Europe pour venir donner des leçons (alors qu'aucun accord ni réforme ne se profile aux USA, le seul "deal" qu'obtiendra Obama face au congrès républicain étant de maintenir les avantages fiscaux accordés aux plus aisés par G.W Bush en échange du maintien des allocations chômages pour les plus démunis...)

Les indices européens sont à des niveaux proches de ce qu'ils étaient au plus fort de la crise "post faillite Lehman Brothers" en mars 2009, les banques sont à l'agonie en Europe  les cotes s'effondrent, le marché interbancaire est bloqué.

Arrive donc le G20 et la tentative de Papandréou, le sommet "est un succès", on propose un nouveau pacte budgétaire européen, on invente un nouveau meccano par dessus le FESF qui se nomme le "MES" (Mécanisme Européen de Stabilité), personne ne comprend rien à ces montages tous plus foireux les uns que les autres mais ça n'est pas grave, les chefs d'état s'invitent sur les plateaux TV pour nous expliquer qu'ils ont sauvé l'euro, l'Europe, et même "le Monde"..

Le nouveau plan grec consacre donc finalement un défaut de 57% sur les obligations grecques détenues par les banques privées (on n'impose pas cette décote  à la BCE), on finalise ce nouveau plan de 130 milliards d'aide pour la Grèce qui s'ajoutent donc aux 110 milliards, et on jure partout que le MES permettra à l'Italie, à l'Espagne et à d'autres d'être protégées..

Le 1er novembre 2011, celui que les européens avaient choisi en juin pour succéder à Trichet à la tête de la BCE prend ses fonctions, il s'agit de Mario Draghi.

Les tergiversations de Berlusconi pour adopter un plan de rigueur en Italie ont raison de lui, il est poussé dehors par ses homologues européens, et, sans élection, un certain Mario Monti est nommé 1er ministre en Italie.

Et enfin, puisque Papandréou a eu l'audace de proposer un référendum, il est lui aussi poussé dehors, et en Grèce comme en Italie, sans élections, un nouveau gouvernement de coalition est formé sous la direction de Papademos.

La main-mise de Wall Street

Les Goldman Boys

Il est tout de même assez étrange, au moins pour l'opinion, de nommer en Italie, en Grèce, et à la BCE des "pompiers pyromanes"..

Mario Draghi fut vice président Europe de 2002 à 2005 de Goldman Sachs alors même que cet établissement a conseillé (contre rémunération) le gouvernement grec dans ses montages qui lui ont permis de tricher pour entrer dans l'Euro. Je ne m'étends pas ici sur le rôle joué par cette banque dans la crise financière mondiale de 2008, elle qui vendait des "subprimes" à ses clients tout en pariant sur la chute de ces produits.. Ce monsieur explique qu'il n'était pas encore dans la banque lors du montage..
Mais ce même Mario Draghi fut également gouverneur de la banque d'Italie dans les années 90 et a à ce titre mené des opérations avec des banques d'affaires américaines pour "réduire" le coût de la dette publique italienne...

Mario Monti fut "international advisor" à partir de 2005 pour cette même banque.
Depuis 2010, il est aussi président de la section Europe à la Commission Trilatérale. Il est également membre du comité de direction du groupe Bilderberg : on ne sait pas s'il a abandonné ces 2 fonctions lorsqu'il est devenu 1er ministre italien à l'automne dernier.

Lucas Papademos fut gouverneur de la banque de Grèce de 1994 à 2002 et ne pouvait donc rien ignorer des trucages des comptes de son pays, puis il fut vice président de la Banque Centrale Européenne jusqu'en 2010 et a donc été parfaitement informé de tous les montages abracadabrants et de tous les sauvetages de banques effectués en Europe depuis la crise financière de 2008.

En 2005, Goldman Sachs revend une partie du "swap" en question à la National Bank of Greece, la première banque commerciale du pays, dirigée par Petros Christodoulos... qui était trader chez GS en 1987 à Londres.. Ce monsieur a été nommé en février 2010 responsable de l'organisme gérant la dette grecque.

Ce sont donc ces 3 "techniciens" qui allaient jouer le rôle de sauveur..

Quelques autres noms intéressants :
Peter Sutherland, irlandais, ex-président de Goldman Sachs International dont il est resté l'un des administrateurs, a joué un rôle-clé dans le sauvetage de l'Irlande. 

FED et BCE

Peu après ce sommet qui n'avait rien réglé, ça n'allait pas franchement mieux pour les banques européennes qui se trouvaient totalement asséchées en dollars, et on allait une fois de plus assister à une gigantesque manipulation, sans aucun délit d'initié bien sur..
Alors que ce jour là des statistiques chinoises n'encourageaient pas les "marchés" à se redresser après des semaines d'agitation, un communiqué sorti de nulle part annonce "une intervention coordonnée des banques centrales pour sauver l’Europe de la crise de la dette" (dixit les titres des articles dans à peu près toute la presse),

Cela n'a évidemment rien à voir avec les dettes européennes, il s'agit de fourguer des dollars à la BCE qui les refourgue aux banques européennes paralysées, il faut éviter une faillite..
Il s'agit pour la énième fois depuis octobre 2008 de mettre sous perfusion des banques qui ont une fois de plus joué avec le feu.

On note une coïncidence étonnante : le cours de "Bank of America" comme la plupart des autres banques s'effondrait jour après jour, mais dans ce cas précis approchait du plancher symbolique des 5 dollars...
Or la loi aux USA interdit au fonds de pension de détenir des actions "pourries", qui cotent moins de 5 dollars.

Sans ce petit "coup de pouce" de la FED, la réaction en chaîne aurait pu être violente : vente massive des titres Bank of America par les fonds de pension, et quand on regarde l'enchevêtrement des fonds de pension, banques américaines, agence de notation, c'est tout un château de cartes qui menaçait de s'écrouler, avec à la clé les retraites de millions d'américains.

Puis en décembre notre "super Mario" sortait la grosse artillerie avec un premier prêt d'environ 500 milliards d'euros pour les banques européennes, le tout sur 3 ans et à 1%, tout en acceptant à peu près n'importe quoi en garantie (et donc de très nombreuses créances toxiques).
L'école Ben Bernanke était en place eu Europe avec les Goldman Boys, Draghi allait d'ailleurs renouveler l'opération en février pour des montants similaires.

La BCE avait donc trouvé le moyen d'injecter 1000 milliards d'euros dans les banques SANS CONDITION..

Même méthodes, mêmes résultats : à l'instar de ce qui se passe aux USA avec les interventions de la FED, Draghi arrive à relancer à la hausse les indices européens, le CAC 40 passe en quelques semaines de 2900 à 3500 alors que toutes les prévisions économiques sont en berne et annoncent une récession en Europe.

Et maintenant...

Fin du cycle ?

Mai 2012, 2 ans après les jeux du cirque de mai 2010, la Grèce est toujours en faillite, les banques européennes ne vont pas mieux, le peuple grec vote contre l'austérité, mais rien n'a changé dans le mode de pensée de ceux qui prennent des décisions..
Rien ?
Pas tout à fait, on admet maintenant qu'il est possible que la Grèce sorte de la zone Euro..

Tout ça pour ça...

Imaginons une sortie temporaire et un défaut intelligemment négocié en mars 2010 pour la Grèce.. en n'écrasant pas la croissance dans ce pays, en lui permettant de dévaluer pour retrouver sa compétitivité, en lui donnant 4 ou 5 ans sans intérêts à payer.. Où en serions nous ?
La différence serait peut-être sensible pour le peuple grec, mais ça n'est pas le point important : on a sauvé une fois de plus avec de l'argent public, et de façon détournée, les banques européennes, qu'elles soient françaises, allemandes ou italiennes. Et on ne leur demandera évidemment aucune contrepartie ni réforme dans les comportements.. Ce matin c'est la banque américaine JP Morgan qui annonçait une perte de '"probablement au moins 2 milliards de dollars" pour des "imprudences commises sur le marchés des "couvertures de crédit"... tiens tiens, le même type de produit qui a coulé AIG lors de la chute de Lehman Brothers. On n'a donc tiré aucune leçon de 2008, et pire, les états se sont mis à genoux devant ces institutions, en nationalisant les pertes.

Les problèmes de la zone Euro escamotés..

Coté européen, c'est la cacophonie permanente, avec d'un coté le président de l'Eurogroupe qui veut envoyer un signal fort à la Grèce pour son maintien dans la zone Euro, quitte à consentir des aménagements dans les plans prévus (et notamment des délais supplémentaires), et de l'autre, le ministre des finances allemand, lui-même candidat à la succession de Jean-Claude Juncker à la présidence de l'Eurogroupe, qui déclare que nous avons les moyens de gérer la sortie de la Grèce de la zone Euro : en clair, maintenant que nous avons protégé nos banques, et bien qu'ils s'en aillent, on ne veut plus payer.
Le véritable problème de fond n'est jamais abordé : 17 pays ont une monnaie commune, qui ne peut donc pas s'ajuster en interne en fonction des excédents des uns et des déficits des autres, mais tout ce beau monde est incapable de s'entendre sur une fiscalité européenne :
  • l'Irlande a par exemple refusé de relever son taux d'imposition sur les sociétés, pourtant la cause principale du "dumping" fiscal exercé par ce pays
  • la France a augmenté la taxation sur le capital de 31.1% à 39.5% pendant qu'en Allemagne on est autour de 25%
  • il est inconcevable à ce jour de lever des impôts européens pour forcer une redistribution, les allemands notamment répétant qu'ils ne veulent pas (plus?) payer pour les pays du sud.. alors que leur excédent commercial est réalisé à 70% en Europe.. : si vous résidez en Vendée par exemple, cela vous choque t'il que l'état investisse dans le TGV Est ?
  • pour prendre une autre image, vous parle t'on de l'excédent commercial de la Californie vis à vis du Dakota par exemple ?
Avoir donc une monnaie commune sans gouvernement fédéral, démocratiquement élu bien sûr, et un système de redistribution à l'échelle de la zone est une aberration.
Nos dirigeants européens ont créé de toutes pièces un puzzle administratif ingérable et font chaque jour de nouvelles "avancées" anti-démocratiques (lire le traité du MES par exemple), qui poussent les peuples européens à voter pour partis nationalistes qui rejetteront de facto une véritable Europe fédérale et démocratique.
La Grèce va donc sans doute re-voter en juin, et si elle sort de la zone Euro dans les conditions actuelles, ce sera le chaos en Europe : les "riches grecs" ont soigneusement sorti 250 milliards d'euros du pays pour les mettre dans des banques suisses, et la majorité du peuple grec va sombrer, les marchés de leur coté lorgneront sur le Portugal ou l'Espagne..

Que va t'il se passer coté américain ?

Certains envisagent donc le chaos financier... et forcent d'ailleurs la main en ce sens. Sans doute ont-ils beaucoup à y gagner..
Mais n'oublions pas que l'oncle Sam veille au grain, ce matin Obama revenait se mêler de la crise de la dette européenne en déclarant que nous n'avions pas pris les bonnes mesures à temps..
Et oui, il y a des élections au mois de novembre aux USA, il faut patienter un peu avant de sortir les cadavres du placard...

1 commentaire:

  1. Un petit ajout :
    - sur les 4 dernières années, la Grèce connait un recul cumulé de son PIB de 20%
    - sachant que le niveau de prélèvements dans ce pays est d'environ 40% du PIB officiel (sans tenir compte des marchés parallèles ni des impôts non prélevés), nous avons donc une chute mécanique de 8% des recettes (20% de 40)
    - comment dans ce contexte envisager que les déficits et la dette cumulée se résorbent ?

    Nous allons dans le mur...

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