dimanche 29 avril 2012

Impôts des riches : fantasme ?

1/le problème majeur de la société américaine actuelle : l'inégalité croissante de la distribution des richesses.

Pour rappel, les 1% des américains les plus riches accaparaient 8% du revenu global dans les années 70, et 24% aujourd'hui, leur part du gâteau a triplé !

Le capitalisme américain a connu, de ce point de vue, trois périodes :
- une première, entre 1870 et 1929, caractérisée par la concentration de la richesse entre les mains de quelques-uns, donc d'une grande inégalité;
- une deuxième période, entre 1947 et 1975, où, au contraire, la redistribution de la richesse s'améliore et l'inégalité diminue ;
- enfin, une troisième période - qui commence aux alentours de 1975 et dans laquelle nous nous trouvons toujours - marquée par une re-concentration des fortunes et des inégalités croissantes.

2/ La taxation confiscatoire des revenus exorbitants est non seulement possible économiquement, mais souhaitable. 

En 1932, quand Roosevelt arrive au pouvoir, le taux de l'impôt fédéral sur le revenu applicable aux plus riches était de 25 % aux Etats-Unis. Le nouveau président décide de le porter immédiatement à 63 %, puis 79 % en 1936, 91 % en 1941, niveau qui s'appliqua jusqu'en 1964, avant d'être réduit à 77 %, puis 70 % en 1970.

Pendant près de cinquante ans, des années 30 jusqu'en 1980, jamais le taux supérieur ne descendit au-dessous de 70 %, et il fut en moyenne de plus de 80 %.

3/Rapacité. 

Cela n'a pas tué le capitalisme et n'a pas empêché l'économie américaine de fonctionner. Pour une raison simple : ces taux ne s'appliquaient qu'à des revenus très, très élevés. En 1941, Roosevelt fixe le seuil du taux de 91 % à 200 000 dollars de l'époque, soit 1 million de dollars d'aujourd'hui (770 000 euros). Or à ces niveaux de revenus, ce ne sont pas les compétences ou le dynamisme que l'on rémunère : ce sont la cupidité, la rapacité, le court-termisme et des prises de risque excessives. Il ne s'agissait donc pas de matraquer n'importe quel cadre supérieur ou entrepreneur sortant du lot, ce qui aurait été dévastateur économiquement.

En France, comme dans la plupart des pays développés, le taux supérieur atteint 90 % pendant l'entre-deux-guerres, puis se stabilisa autour de 70 % pendant les Trente Glorieuses - ce qui n'a pas empêché des taux de croissance économique de l'ordre de 4 % à 5 % par an tout au long de cette période.

De plus, il s'avère que la Grande dépression de 1929 et la Grande récession de 2008 se sont produites lorsque les taux d'imposition des plus riches étaient à leur plus bas. Et au contraire, les taux d'imposition étaient historiquement élevés durant la longue période de prospérité des années 1945 à 1980.

On peut d'ailleurs observer une corrélation parfaite au niveau des périodes pour ce qui concerne la règlementation des banques : la spéculation effrénée et la bulle du crédit a provoqué le krach de 1929, puis le Glass-Steagall act et toutes les autres réglementations ont assuré une stabilité jusqu'à la fin des années 70, et depuis la période Thatcher / Reagan on a démantelé peu à peu tous les pare-feux jusqu'en 1999 ce qui a provoqué ces 10 dernières années 2 krachs majeurs (2002 et 2008).
C'est conjointement à ces dérèglementations que les paradis fiscaux, la spéculation et l'accroissement des inégalités se sont développés en enrichissant une infime minorité.

L’impôt élevé a permis pendant 30 ans aux USA de prospérer car les richesses mieux distribuées ont alimenté la consommation, et surtout, sans surendettement.

Nous assistons à l'exact inverse actuellement.
Tous ceux qui croient encore au néolibéralisme et au fait que "ce qui est bon pour Wall Street est bon pour le peuple" (déclaration de Reagan) sont des imbéciles. 

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